Hommage à Jean
Guillou : le dernier message de l’amiral.
J’ai
été surpris de lire dans le bulletin n°181 de la SEHNC un article
nécrologique émanant de Fortunes de mer et de l’
Association Salomon. L’article du quotidien Les Nouvelles
avait été plus objectif et plus honnête. « La vérité
est ailleurs », avait dit l’amiral au reporter à propos du
mystère qui perdure du naufrage de Lapérouse à Vanikoro. J’ai
essayé de résoudre le mystère Lapérouse., j’ai cru le résoudre
un jour. Mais la vérité n’est pas là (dans les pages glacées
des ouvrages luxueux de l’Association Salomon et du
commandant de la Marine Bellec, destinés à faire de l’argent , ou
dans les CD technicolor grand public. ).
Le
bulletin nous avait habitués à plus d’indépendance d’esprit
et à une ouverture qui semble du passé. Il n’est que l’écho
complaisant de l’Association Salomon qui n’a jamais été
une caution en matière historique : par exemple, , dans le
bulletin N°179, page 53, on lit sous la signature de Charles Merger,
pour l’Association Salomon : « il est acquis que
la Boussole et l’Astrolabe ont probablement mouillé
dans la baie de Gomen. En effet, le chevalier de Lamanon,
minéralogiste de l’exoédition, était mort à Tutuila aux Samoa.
Ce furent donc le Père Receveur et l’abbé Mongez qui,
ayant des connaissances de la science des minéraux, prélevèrent
les échantillons de dolérite [à Gomen] qui furent déposés à
fond de cale dans la Boussole. »Or, le Père Receveur
était mort à Sydney et aurait eu bien du mal à ramasser des
échantillons de dolérite à Gomen !
Cet
esprit ouvert qu’était Jean Guillou , accusé de faire du
« roman » (qui vaut mieux que l’histoire aux dates
frelatées) par ses amis de l’Association Salomon, a été
le point de départ d’un renouveau total dans les études sur
le naufrage. II voulait tout voir des lieux marqués par le grand
explorateur. De même qu’il avait désiré se recueillir auprès de
la stèle dédiée à l’amiral Fleuriot de Langle à Quemper-
Guézennec, il voulut visiter , dans le voisinage de Germignonville,
le parc de Jeurre, commune de Montigny- Champigny en Essonne pour son
cénotaphe de Cook et pour cette colonne rostrale que le marquis
de Laborde fit élever sur une île du grand lac de Méréville, d’où
elle a été transférée au parc de Jeurre. Cette colonne, toute en
marbre turquin, est ornée de quatre éperons ou rostres en bronze
pour glorifier , à la romaine, les vertus héroïques des deux fils
du marquis de Laborde, Edouard et Ange, morts en 1787 à Port -des-
Français au cours de l’expédition. C’est Jean Guillou qui
découvrit dans un ouvrage américain de Jefferson la mention d’un
survivant de l’expédition , Simon Lavo, ce qui déclencha , -à
tort, -l’incrédulité de bien des sceptiques sûrs de posséder la
vérité. J’ai rencontré Jean Guillou, de retour de son voyage en
Papouasie à la recherche des descendants de Lavo, en Eure-et-loir,
où, à l’âge avancé de 95 ans, il vint à Germignonville (voir
les photos jointes) pour la pose d’une plaque sur la maison natale
du chirurgien- major retrouvé par delà les océans et d’un
panneau attestant du lieu où Simon Lavo était mort.
C’est
encore notre navigateur qui découvrit la trace en Micronésie d’un
canon fleurdelysé qui n’a pu appartenir qu’à un rescapé de
l’expédition.
Guillou
accordait sa confiance à la déclaration de Makataï qui reconnut
avoir massacré la soixantaine de Français rescapés qui étaient
occupés sur le bateau de secours en construction. L’épave
incendiée du bateau de secours, le Lapérouse ou plutôt
Laborouse, selon le terme de l’autochtone, est située dans la
faille du récif où il est invraisemblable que la Boussole
ait pénétré. Les restes de l’Astrolabe sont dans la
fausse passe du récif, où il est naturel que le bâtiment ait
cherché à pénétrer. Quant à la Boussole, dont quatre
hommes réussirent à s’échapper, elle dort près de Makulumu.
J’ai voulu explicite le dernier secret de l’amiral sans le
trahir.
Dans
nos derniers échanges, je le sentais amer, quand il voyait que tout
le tapage médiatique fait autour de Lapérouse le laissait sur la
grève et qu’un gros ouvrage comme La malédiction de Lapérouse
ne citait même pas son dernier ouvrage Lapérouse … Et
après ? ll a été écrasé par la version officielle,
relayée par les médias de masse commerciaux. Il n’en reste pas
moins que Jean Guillou a eu le mérite de frayer la voie et d’être
ouvert à toutes les hypothèses.
Hommage à Jean GuilloU: le dernier message de l'amiral en pièce
jointe avec les 8 photos prises à Germignonville
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